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Une épreuve douloureuse et méconnue : l’avortement spontané
Vous attendiez ce bébé avec impatience, projetant déjà votre vie de famille. Et soudain, le choc : les saignements, les douleurs, et le verdict implacable – c’est une fausse couche. Une grossesse sur 5 connaîtra cette fin abrupte avant la 20e semaine, le plus souvent au 1er trimestre. Un phénomène courant donc, mais tabou, qui laisse les couples désemparés face à cette perte brutale et inattendue.
Quand la nature reprend ses droits
Contrairement aux idées reçues, le stress, une chute ou le travail n’y sont pour rien la plupart du temps. Dans la majorité des cas, c’est une anomalie du développement du fœtus qui rend la grossesse non viable. Le corps met alors fin de lui-même à ce processus voué à l’échec, et rien ne permet de l’empêcher. Des facteurs environnementaux comme le tabagisme ou des causes biologiques (malformation utérine, dérèglement hormonal…) sont parfois en cause, mais il est rarissime que la femme enceinte ait une quelconque responsabilité.
Faire face aux symptômes
Difficile pourtant de ne pas culpabiliser quand les symptômes de la fausse couche se manifestent. Saignements vaginaux plus abondants, crampes douloureuses, expulsion de caillots, voire de tissu fœtal… Autant de signes qui marquent la fin d’un rêve. Si un embryon est évacué, pensez à le conserver pour analyse. Parfois, un curetage sera nécessaire pour éviter une infection. Reportez les rapports sexuels pendant 2-3 semaines et attendez un cycle menstruel avant une nouvelle grossesse, pour laisser à votre utérus le temps de cicatriser.
Le corps et l’esprit à vif
Physiquement et psychologiquement, le choc est rude. Pendant plusieurs semaines, les signes de grossesse peuvent persister cruellement : seins gonflés, ventre arrondi… Un rappel constant de ce bébé perdu. Mais c’est aussi votre mental qui va devoir guérir. Car cette grossesse, même à un stade peu avancé, vous aviez déjà commencé à vous y attacher. Vous aviez imaginé votre enfant, peut-être choisi son prénom. Cette brutale interruption du processus vous laisse endeuillés, d’un deuil que la société a du mal à reconnaître.
Un deuil complexe et tabou
« Ce n’était qu’un embryon », « Tu en auras d’autres »… L’entourage, bien que bienveillant, peine souvent à mesurer l’impact émotionnel d’une fausse couche et peut maladroitement blesser par ses paroles. Car pour les parents, la perte est bien réelle et le chagrin légitime. Selon sa personnalité et son histoire, chacun réagira différemment, passant par différentes étapes – déni, colère, abattement, acceptation… Un chemin semé d’embûches mais nécessaire pour se reconstruire. N’hésitez pas à consulter un professionnel pour vous épauler dans ce deuil si particulier.
Surmonter l’épreuve à deux
Comme tout drame, la fausse couche peut souder le couple ou au contraire le faire vaciller. Monsieur a parfois du mal à comprendre l’intensité de la peine de Madame, qui vit ce deuil dans sa chair. Mais le père aussi souffre, à sa façon. Parler, partager vos émotions, accepter vos différences sera essentiel pour traverser ensemble cette épreuve. Certains ressentiront le besoin de concrétiser leur perte, en faisant un rituel ou en donnant un nom au bébé. D’autres préfèreront tourner la page plus vite. L’important est de respecter le cheminement de chacun.
Se relever et aller de l’avant
Après la tempête, le temps fera son œuvre. Peu à peu, vous retrouverez goût à la vie et des projets d’avenir finiront par refleurir. La cicatrice restera, mais vous aurez appris à vivre avec cette absence. Votre entourage aussi comprendra mieux, avec le recul, la profondeur de votre chagrin. Vous n’oublierez jamais cet enfant rêvé, mais il ne vous empêchera pas d’avancer, le cœur ouvert à la vie. Et quand vous serez prêts, de nouvelles tentatives pourront avoir lieu pour agrandir votre famille, riches de cette douloureuse expérience.
Une peine indicible mais surmontable
1 grossesse sur 5 qui s’interrompt spontanément avant 20 semaines : ce chiffre montre combien la fausse couche est un événement courant. Pourtant, il reste entouré de silence et d’incompréhension. Peu préparées à cette éventualité, les femmes et les couples se retrouvent souvent bien seuls pour affronter cette perte brutale, qui suscite une souffrance profonde bien que méconnue. En parler, se faire épauler, prendre le temps du deuil sont autant d’étapes nécessaires pour panser la plaie de cet enfant disparu et réapprendre, peu à peu, à espérer.